Le bonheur parfait selon vous?
Imparfait ou parfait, je n'ai jamais pensé au bonheur.
Qu'est-ce qui vous fait lever le matin?
La même chose qui me fait coucher le soir. Je ne fais plus la différence entre être éveillé et être endormi.
La dernière fois que vous avez pleuré?
Je pleure très peu. Une fois, l'année dernière, lorsque, à la demande de ma famille, j'ai dû lire un texte pour mon père, décédé.
Je ne suis même pas sûr d'avoir pleuré. Parfois, on pleure comme les grottes, à l'intérieur.
Quel est votre principal trait de caractère?
Le sens du devoir, je crois. Dans le sens allemand du terme.
Votre principal défaut?
Peut-être suis-je trop égoïste. Je ne donne pas suffisamment aux autres, alors qu'eux me donnent beaucoup.
Qui sont vos héros, aujourd'hui?
Les femmes qui se sacrifient, et qui ne reçoivent rien en retour. Je suis impressionné par leur capacité à tomber amoureuse,
alors qu'elles ont quatre-vingts ans.
A quelle figure historique vous identifiez-vous le plus?
Il y a des buts de Maradona que j'aurais aimé marquer.
Votre héros de fiction?
La Sapho d'Alphonse Daudet. C'est la plus belle figure que j'ai jamais trouvée dans un roman d'amour. Et Daudet est un auteur très sous-estimé.
Votre voyage préféré?
Le seul voyage miraculeux de ma vie, c'est lorsque j'ai traversé l'Europe en voiture, avec mon grand-père, quand j'avais sept ans.
Cette expédition est encore bien vivante en moi.
Quelle est la qualité que vous préférez chez un homme?
Je n'en sais rien. Mais il y a trois choses que je déteste chez un homme: le mensonge, l'absence de rigueur et la lâcheté physique.
Le spectacle de celle-ci est répugnant.
Et chez une femme?
La beauté des mains.
Vos écrivains préférés?
Tolstoï, Proust, et Conrad. Parce qu'ils sont très bons, et parce que, en les fréquentant, on en sort toujours grandi.
Votre compositeur préféré?
Je n'aime pas cet adjectif, «préféré». On n'a pas le droit d'exclure. Tout dépend des heures. J'adore Les impromptus de Schubert,
et à peu près tout Strauss.
La chanson que vous sifflez sous la douche?
N'importe quelle chanson de Sinatra. Ou Ma plus belle histoire d'amour de Barbara.
Votre livre culte?
La mort d'Ivan Ilitch de Tolstoï. Mais si j'étais plus honnête, je devrais plutôt vous parler des comics de mon enfance :
Flash Gordon, Mandrake, Tarzan...
Le classique que vous détestez?
Mettez ce que vous voulez.
Votre film culte?
Huit et demi de Fellini. Mastroianni y est magnifique.
Votre peintre préféré?
Velázquez, bien sûr.
Votre boisson préférée?
L'eau. Je n'ai jamais été ivre de ma vie.
Que considérez-vous comme votre plus grande réussite?
Peut-être être revenu vivant de la guerre.
Votre plus grand regret?
De ne pas avoir dit «je t'aime» à des gens à qui je ne peux plus le dire, parce qu'ils sont morts. Je ne me le pardonnerai jamais.
Quel talent voudriez-vous avoir?
On m'a trop donné. C'est une question qui ne se pose pas.
Qu'est-ce qui vous est le plus cher?
Je n'en ai pas la moindre idée. Deux choses me sont insupportables, par contre: l'injustice et la souffrance physique des enfants.
Que détestez-vous par-dessus tout?
Je hais les grands substantifs abstraits: bonheur, patrie, gloire. Au nom de ceux-ci, on tue des gens.
Quand vous n'écrivez pas, quelle est votre occupation préférée?
Lire. Et des choses dont on ne peut pas parler dans un journal.
Votre plus grande peur?
La peur d'avoir peur, avec laquelle on vit dès l'enfance.
Rédigez votre épitaphe...
Un jour, on me mettra dans un panthéon quelconque, avec des conneries écrites au-dessus de ma dépouille. Ça ne me concerne pas.
Si vous rencontriez Dieu, qu'aimeriez-vous qu'Il vous dise?
J'aime cette réplique de Voltaire: «Nous nous saluons, mais nous ne nous parlons pas.»
Créez votre propre site internet avec Webador