Où aimeriez-vous vivre ?
Les Asturies, en Espagne. Le pays d'om je suis originaire. L'Irlande également. En réalité, tout ce qui est baigné par les flots de l'Atlantique.
Pour quelles fautes avez-vous le plus d'indulgence ?
Je peux être intolérante... mais j'éprouve un sentiment très puissant de justice. Au nom de la justice, je suis une femme de compromis, si poussée à bout. Parce que je suis écrivaine, parfois, les mensonges sont utiles, mais dans certains cas, c'est un atout et un égard pour autrui.
Votre musicien favori ?
Bach... Bach, quelle merveille.
Votre peintre favori ?
Chardin. C'est magnifique. Et assez classique. Je l'ai découvert dans les manuels Lagarde et Michard, parce que j'ai fait mes études en France. Et j'ai appris l'histoire de l'art dans ces livres dédiées à la littérature. J'en suis tombée amoureuse à 14 ans... C'est à la fois intensément spirituel et concret : voilà comme je définirais la poésie.
Votre qualité préférée chez un homme ?
La tolérance. C'était celle de mon père. Et s'il n'en fallait qu'une, ce serait l'humour.
Je ne tombe amoureuse que des hommes qui me font rire.
Et chez la femme ?
Je pense à Florence Aubenas qu'on m'a présentée ce matin. Sa générosité ou plutôt sa sororité : la complicité entres femmes qu'elle est capable de transmettre.
Votre occupation préférée ?
Lire (avec un éclat de rire). Et écrire. Mais c'est inséparable. J'ai été une très grande lectrice avant d'écrire. Les deux sont liés. La lecture est le carburant de mon écriture : si je suis vide devant une page, c'est parce que je n'ai pas eu la possibilité de lire avant. Les œuvres m'apportent la confiance nécessaire.
Le principal trait de votre caractère ?
La curiosité. Je suis une autrice très éclectique, qui travaille sur des sujets variés. J'aime ça.
Ce que j'apprécie le plus chez mes amis ?
La joie et les encouragements. J'aime les gens joyeux. Et leur confiance en moi est importante. C'est une maladie de ma génération : il y eut des hommes qui furent de véritables allés. D'autres posèrent des conditions inacceptables. J'apprécie ceux qui se prennent de votre écriture et l'aident à aller plus loin.
Votre principal défaut ?
Le manque de confiance en moi. D'où découle parfois une légère paranoïa.
Votre rêve de bonheur ?
Que cesse cet angle mort qui invisibilise les auteurs francophones ne vivant pas à Paris.
Quel serait votre plus grand malheur ?
Perdre un enfant. Un de mes enfants.
Ce que vous voudriez être ?
Un oiseau. Ils me fascinent. J'ai un amour immodéré pour eux, alors qu'ils sont en voie de disparition. Et très courageux. Ils me procurent beauté, émotion, chant : je me sens de leur famille.
La couleur que vous préférez ?
C'est une couleur que je ne porte jamais : le rouge.
La fleur que vous aimez ?
Les pivoines. Pas pour la symbolique : elles sont à la fois robustes et fragiles, et associées au jardin de ma mère.
L'oiseau que vous préférez ?
Ah oui ! L'hirondelle. Parce que précisément, en termes de courage, elle est la métaphore de la génération qui se confronte aux défis climatiques. D'abord, elles disparaissent parce que leur habitat est menacé. Et pourtant, elles reviennent et élèvent leur progéniture en revenant inlassablement. Au risque de ne pas pouvoir partir, elles attendent. C'est un symbole de l(humanité qui, face à ce qui lui arrive, doit continuer malgré les dangers et les menaces.
Vos auteurs favoris en prose ?
Un mort connu, Flaubert, évidemment. Sinon, une femme, Flannery O'Connor, qui est mon modèle absolu. J'ai lu toute l'œuvre d'Annie Ernaux. Et cet écrivain qui est le Pierre Michon espagnol, Ricardo Menendez Salmon.
Vos poètes préférés ?
Un seul, Apollinaire. Sans contexte.
Vos héros ou héroïnes dans la fiction ?
Peut-être... eh bien, cela ne vient pas facilement. Je dirais celui des Fausses mesures : Eibenschutz de Joseph Roth. Et celle du livre de Neel Doof, pour son livre autobiographique : Jour de famille et de détresse, écrit en français alors qu'elle était hollandaise en 1911. Issue d'une famille de bateliers, très pauvre, elle dut se prostituer pour survivre. Sa famille adorait les livres, et c'est ainsi qu'elle s'est élevée. Héroïne de son livre, c'est avant tout sa vie qu'elle raconte.
Vos héros ou héroïnes dans la vie réelle ?
Les héros, ce sot les victimes des inondations de juillet 2018, en Belgique, dont je recueille les témoignages depuis 10 mois : ces invisibles étaient souvent dans la précarité avant de voir leur vie détruite soudainement: dans leur parole, ils s'avèrent d'une justesse absolument bouleversante.
Un prénom favori ?
Caroline. Parce que c'est le mien. Quand mes parents l'ont choisi, ma grand-mère le trouvait excentrique. Masculin : Gilles, le nom donné de pères en fils dans la famille Lamarche durant la période industrielle. Si j'imagine un personnage de fiction, j'ai toujours envie de l'appeler de la sorte.
Ce que vous détestez par dessus tout ?
L'abus du pouvoir. Ce qui inclut la manipulation émotionnelle, la perversité, la séduction déplacée... les formes sont multiples et les femmes en ont particulièrement souffert. Parce qu'elles n'avaient justement pas le pouvoir. Envers les enfants, les adultes vulnérables...
Personnage historique que vous méprisez le plus ?
Napoléon, pour con Code civil : il a retiré aux femmes la possibilité de gérer leur patrimoine. Elles furent ruinées par leur marie, en perdant leur indépendance financière. Pour celles qui en avait.
Le fait militaire que vous admirez le plus ?
Puisque je viens de Liège, la résistance acharnée en 14-18 et 39-45 à l'envahisseur allemand, qui a retardé l'avancée des troupes en France.
La réforme que vous estimez le plus ?
Le droit à l'avortement et de vote pour les femmes. Mis en péril actuellement aux USA. Annie Ernaux aurait tant à dire, là encore.
Le don de la nature que vous voudriez avoir ?
Que je voudrais avoir davantage, en réalité, et que j'acquiers parce qu'il vient avec l'âge : la légèreté. Fin de l'inquiétude, de la paranoïa. Mon père avait cela. La vie est plus grande que l'amour, la réussite littéraire. Rien ne vaut la vie, voilà ce qu'il disait.
Comment aimeriez-vous mourir ?
Comme tout le monde : dans mon lit en dormant. Le suicide est une réflexion qui mène à se demander comment disparaitre par soi-même. Ce que l'on voit dans les ehpad y pousse : ce peut être aussi un cadeau. Puisqu'on peut changer de métier ou divorcer, pourquoi ne peut-on pas choisir sa mort ?
État présent de votre esprit ?
Heureuse. Avec la maturité vient une forme de paix et une façon de relativiser les échecs. Et une compréhension plus vaste, qui permet de saisir les opportunités et donc de ne pas être effrayée que les choses n'aboutissent pas. Je suis devenue plus philosophe, en fait. Et très contente d'être une outsider, parce que les francophones et que j'en suis, ont beaucoup à apporter. Être présente sur plusieurs territoires est important : les patries d'adoption comptent beaucoup.
Votre devise ?
Oh, j'en ai bien une... mais je l'au oubliée.
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