Comment êtes-vous devenu lecteur ?
Par besoin de solitude… Nous habitions à huit dans un minuscule six pièces.

 Il me restait donc la cave comme refuge possible… Et j’ai dès lors compris que la lecture me procurerait l’isolement dont je rêvais…


Enfant, que lisiez-vous ?
De tout. Mon premier « vrai » livre s’intitulait La Grande aventure des baleines.

Mais je lisais aussi Bob Morane… À 15 ans, je suis passé à Gide et Camus…
C’était trop jeune, définitivement…


Quel genre de lecteur êtes-vous ?
Compulsif. Je lis toujours de tout. Aussi bien Jacques Derrida, Heidegger, Thomas Bernhard ou Claude Simon que Stephen King ou John Irving… Même chose chez les Québécois, aussi bien Patrick Sénécal que Marie-Claire Blais…



Quel qualificatif décrirait votre bibliothèque personnelle ?
Anarchique.



Avez-vous une méthode de classement ?
De moins en moins… Je privilégie de plus en plus « la théorie de la pile », dite aussi « le syndrome des stalagmites »…



Quel est le premier livre que vous vous souvenez vous être procuré ?
C’était un Marabout Université, je trouvais ça chic à treize ans…

C’était un livre sur les grandes batailles navales… Je l’avais volé (oui, oui) chez Pineault sur Mont-Royal coin Bordeaux… Je vole plus, juré.


Quel est le dernier livre que vous avez lu ?
Je termine à l’instant Charleston Sud de Pat Conroy.



Avez-vous un plaisir de lecture coupable ?
Aucun, de toute façon j’ai pas grand talent pour la culpabilité.



Quelle a été votre plus belle rencontre littéraire ?
Je crois que c’est l’amitié que m’a témoigné très rapidement Paul-Marie Lapointe, à qui je vouais depuis l’adolescence une admiration sans borne. Malheureusement on ne se voit plus assez souvent…



Comment êtes-vous devenu auteur ?
Par hasard… presque… Un chum, Gilles Racette, et moi avions décidé comme ça d’écrire un roman à deux… pour s’amuser… Puis les Éditions de l’Actuelle (volet littéraire des Éditions de l’Homme, à l’époque, 1973…) l’ont accepté et nous ont confié, pour la correction, aux bons soins de Réginald Martel… Il y a pire début dans la vie, non ?



Pourquoi êtes-vous auteur ?
Par amour des livres et pour ne pas m’ennuyer.



Comment vous exprimeriez-vous si vous n’étiez pas auteur ?
Par la cuisine… J’adore cuisiner… Je serais CHEF, bien sûr…

 

Pour vous, qu’est-ce que la création ?
Du travail, que du travail… mais si agréable. Je ne crois pas en l’inspiration. Il y a de bonnes journées… et de moins bonnes…



Quels objets, livres ou pièces musicales vous accompagnent en période de création ?
J’écris habituellement dans le foutoir qui me sert de bureau… mais je peux aussi écrire dans la cuisine… J’écoute rarement de la musique en écrivant… Quand c’est le cas, c’est Phillip Glass ou Steve Reich… De la musique répétitive… ce qui ressemble à mon écriture…



Comment faites-vous votre recherche, s’il y a lieu ?
Je lis. Je lis toujours beaucoup en période d’écriture intense.

 Pour moi les deux activités sont indissociables.


Votre œuvre est-elle marquée par un thème récurrent ?
L’enfance. La mort. La douleur.



Quelles sont vos principales influences ?
Les poètes et les philosophes. Mais aussi les scientifiques.



Quels auteurs appréciez-vous pour leur démarche créatrice ?
Thomas Bernhard, Claude Simon, Jean-Paul Dubois, Nicole Brossard, Paul-Marie Lapointe… Mais c’est pas juste… Il y en a tellement…



Quel est votre souvenir le plus vif lié à la création ?
Le plus récent : quand dans mon roman Un poker à Lascaux, j’ai dû faire mourir

le personnage de Raphaëlle.


Quel regard posez-vous aujourd’hui sur vos premiers livres ?
Amusé et ému.



Laquelle de vos œuvres affectionnez-vous particulièrement ?
La prochaine, bien sûr… Le plaisir est là… dans la prochaine aventure…



Y a-t-il un de vos livres que vous recommenceriez ? Pourquoi ?
À la fois : tous et aucun. Tous parce qu’ils sont sûrement perfectibles. Aucun parce que la perfection ne m’intéresse pas.



Avez-vous des projets en cours ?
Trois. Un roman : Au moment de ma disparition. Un livre de poésie : Mon visage, Chroniques de l’effroi II. Un texte-jeunesse (oui, oui) : Les gens d’en-bas.



Quel personnage de fiction aimeriez-vous rencontrer ? Que lui diriez-vous ?
Joseph K. du Procès de Kafka. Je lui dirais sans doute de ne plus essayer de comprendre.

Que le non-sens existe.


Y’a-t-il un livre que vous auriez voulu avoir écrit ?
Plusieurs. Mais peut-être, avant tout, Le Jeu des perles de verre de Hermann Hesse.



Ce qui vous fait sourire ?
Le visage de ma blonde, le matin.



Ce qui vous contrarie ?
La connerie.



Ce qui vous préoccupe au quotidien ?
Ce qu’on va manger au souper.



Y a-t-il une cause qui vous tient à cœur ?
La faim des enfants.



Que rêviez-vous de faire, enfant ?
Archéologue… pour trouver des momies. Quand j’ai compris que je risquais de passer ma vie à épousseter de vieux morceaux de poteries… bof… j’ai commencé à lire…



Outre la littérature, quelle forme d’expression vous intéresse ?
Surtout la musique et les arts visuels.



Quel est d’après vous l’avenir de la langue française au Québec ?
Menacé.



Quel est d’après vous l’avenir du livre et de l’imprimé ?
Pas menacé.



Y a-t-il une citation qui vous interpelle ?
« Que la préhistoire est longue et que le bonheur est lointain »,

extrait du beau film de Robert Lapoujade, Le Socrate.

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