Quel genre de lecteur êtes-vous ?
Impatient. Si les dix ou vingt premières pages ne m’accrochent pas, je passe au suivant.

 L’auteur n’a aucun moyen de le savoir.


Enfant, que lisiez-vous ?
Mes auteurs préférés changeaient toutes les années.

 Je me souviens, entre autres, des Docteur Dolittle (Hugh Lofting) et
 des Biggles (Capitaine Johns), dont je fus friand à des époques différentes.


Quel est le premier livre que vous vous souvenez vous être procuré ?
J’en ai acheté deux en même temps, à neuf ans, au mini-salon du livre du collège de L’Assomption :
le premier Lucky Luke et un livre de dessins d’Alfred Pellan.

Je crois que chacun coûtait cinquante cents.


Quel est le dernier livre que vous avez lu ?
Tonbo, d’Aki Shimazaki. Ni adoré ni détesté.



Quel qualificatif décrirait votre bibliothèque personnelle ?
En diminution constante, au fil des séparations,

 des déménagements et des logements de plus en plus petits.


Avez-vous une méthode de classement ?
La hauteur du livre est le seul critère du choix du rayon où il atterrira.



Comment êtes-vous devenu auteur ?
En écrivant. De seize à dix-huit ans, j’ai remporté trois fois des prix au regretté

Concours des jeunes auteurs, de Radio-Canada.
À dix-neuf et vingt ans, j’ai écrit deux romans, tous deux finalistes au Prix du cercle du livre de France, mais jamais publiés.
À trente-cinq ans, je m’y suis remis et quatre ans plus tard paraissait enfin mon premier livre.

 Ce fut un des plus beaux jours de ma vie.


Pourquoi êtes-vous auteur ?
Parce qu’écrire est justement un des deux plus grands plaisirs de la vie.



Comment vous exprimeriez-vous si vous n’étiez pas auteur ?
Je serais peintre, peut-être.



Pour vous, qu’est-ce que la création ?
Prendre les mêmes vingt-six lettres que Proust ou Céline

et en faire quelque chose de complètement différent.


Avez-vous un lieu privilégié pour créer ?
J’aime bien être devant une table, à l’ombre, au bord de la mer, avec le vent qui souffle.

Mais j’arrive aussi à écrire dans les salles d’attente d’aéroport.


Comment faites-vous votre recherche, s’il y a lieu ?
Avec le Web, c’est presque trop facile.

C’est pourquoi je continue d’éviter les sujets qui en exigent beaucoup.


Votre œuvre est-elle marquée par un thème récurrent ?
La mort, depuis toujours. Le vieillissement, plus récemment.



Comment est né votre premier livre ?
Agénor, Agénor, Agénor et Agénor est né de la lecture d’un livre sur les mathématiques expliquant
que le hasard fait que les gens n’arrivent pas tous au même endroit en même temps. J’ai imaginé que le hasard se déréglait un jour.



Quel regard posez-vous aujourd’hui sur vos premiers livres ?
Je les aime bien, mais je n’aurais plus l’énergie de les écrire.



Laquelle de vos œuvres affectionnez-vous particulièrement ?
Je crois que je voterais pour Moi, les parapluies (Libre expression et Série noire).



Avez-vous des projets en cours ?
Tout plein. Après J’haïs le hockey, je viens de terminer J’haïs les bébés.

Je commence J’haïs les vieux. Après ? Peut-être J’haïs les chiens.


Pourquoi avoir choisi le polar ?
Je n’ai jamais choisi d’écrire du polar ou du roman noir. J’écris une histoire et ensuite je compte les morts.
S’il y en a beaucoup, ça va aller dans une collection noire. S’il y en a un ou deux, une collection littéraire. Pas du tout : un livre jeunesse.



Y’a-t-il un livre que vous auriez voulu avoir écrit ?
J’aimerais être l’auteur de Kaputt.

 Mais je n’aurais pas envie d’avoir été témoin de ce qu’il a dû voir pour l’écrire.


Ce qui vous fait sourire ?
La bêtise. Surtout la mienne.



Ce qui vous contrarie ?
La bêtise. Surtout celle des autres.



Que rêviez-vous de faire, enfant ?
Je rêvais de devenir géographe. Je suis devenu voyageur.



Outre la littérature, quelle forme d’expression vous intéresse ?
Les rêves érotiques.



Quel est d’après vous l’avenir de la langue française au Québec ?
Elle s’améliore. Elle ne disparaîtra que si nous disparaissons.



Quel est d’après vous l’avenir du livre et de l’imprimé ?
Le livre a déjà pris plusieurs formes et je ne m’en plains pas, parce que je ne suis pas libraire.
Mais la multiplicité des formes est essentielle à la multiplicité des lecteurs.