Quel est pour vous le comble de la misère ?
Avoir faim, entre des barbelés ou des murs. Mourir de faim. Dépérir sur place; assister à la ruine de soi, corps et âme. Et s'apercevoir que le voisin, hier camarade ou ami, n'est plus lui aussi qu'une bête acculée. Ceux qui n'ont jamais eu faim, faim sans espoir, ne connaîtront jamais la vérité sur notre nature, combien l'esprit est fragile et comme notre cœur est "creux et plein d'ordures".
Où aimeriez-vous vivre ?
Dans une belle campagne. Verte et pourtant ensoleillée. Embellie par le travail des hommes et pourtant secrète et sauvage. M'y tenir dans une vaste maison où j'aurais mon "coin"; dans un chez moi, chez moi !
Votre idéal de bonheur terrestre ?
Ne plus avoir à me soucier que des miens, de ceux qui m'aiment et que j'aime. Passer le meilleur de mon temps à mon œuvre et le reste à marcher, à courir, à nager.
Pour quelles fautes avez-vous le plus d'indulgence ?
Pour la plupart. J'ai le pardon facile, l'oubli rapide. Et puis je sais que nous avons tous besoin de l'indulgence d'autrui et, finalement, du pardon d'un dieu. Il n'y a pas les bons et les méchants : nous sommes tous faillibles, nous sommes tous pécheurs; un juge sans tendresse nous condamnerait tous.
Quels sont les héros de roman que vous préférez ?
Mme Bovary, si cauchoise, si femme. Salavin, parce que les Salavin couraient les rues au temps de ma jeunesse, et qu'ils furent mes maîtres.
Quel est votre personnage historique favori ?
Cortès et, parfois, Vincent de Paul.
Vos héroïnes favoris dans la vie réelle ?
Aucune. Toutes les femmes dont on parle se ressemblent. Et elles disparaissent l'une après l'autre d'un ciel de gloire artificiellement peint pour elles. Dans le passé pourtant, Ingeburge de Danemark, deuxième femme de Philippe Auguste.
Vos héroïnes dans la fiction ?
Mme de Rénal. L'mante et la mère. Pour son amour gonflé de tendresse et de générosité. Et puis les trois filles, la plus jeune surtout; d'un de mes romans : je leur ai donné le jour et elles sont selon mon cœur.
Votre peintre favori ?
J 'aime trop la peinture, j'aime la peinture avec trop de gourmandise pour m'arrêter à un peintre.
Votre musicien favori ?
Vivaldi, peut-être. Ou Pierre Boulez.
Votre qualité préférée chez l'homme ?
L'audace. C'est-à-dire le goût "de l'aventure et de l'air en mer", le mépris du médiocre, la hauteur ambitieuse des vues.
Votre qualité préférée chez la femme ?
La douceur.
Votre vertu préférée ?
La volonté. Mais n'est-elle pas la vertu ?
Votre occupation préférée ?
Le plus souvent : écrire.
Qui auriez-vous aimé être ?
Cortès. Par jeu.
La principal trait de votre caractère ?
L'enjouement.
Ce que j'apprécie le plus chez mes amis ?
La fidélité.
Votre principal défaut ?
L'emballement; la promptitude des émotions : colère, enthousiasme, désespoir ou la violence ?
Votre rêve de bonheur ?
Réponses 2 et 3. Rien n'a y changer.
Quel serait votre plus grand malheur ?
La perdre; ou perdre l'amour, où même l'estime, qu'elle me porte.
Ce que vous voudriez être ?
Ce que je suis... Par paresse devant le changement. Et puis parce qu'on n'est jamais que ce qu'on imagine qu'on est.
La couleur que vous préférez ?
L'or.
La fleur que vous aimez ?
Le bouquet de soleils, le bouquet de zinnias plus vivement encore.
L'oiseau que vous préférez ?
Le merle béjaune.
Vos auteurs favoris en prose ?
Rabelais, Montaigne, Diderot, Flaubert, Villiers de l'Isle-Adam. Et puis Duhamel, Cendrars, Bosco, Julien Green, Jacques Perret, Julien Gracq.
Vos poètes préférés ?
Villon, La Fontaine, Baudelaire, Rimbaud. Et Robert Desnos, Jean Tardieu; d'autres encore, quand il sont poètes.
Vos héros dans la vie réelle ?
Ceux qui font bien ce qu'il font, et pour " le bien du service". Mais à quoi bon citer des noms ?
Il s'agit d'inconnus.
Vos héroïnes dans l'histoire ?
Ingeburge, la plus mystérieuse.
Vos noms favoris ?
De grands noms nobles d'autrefois; d'origine germanique ou normande; des noms gascons aussi, un peu ridicules à force d'être sonores. Ou alors des noms honnêtes et simples : Jacques Bonhomme, Roger Bontemps et Georges Painblanc.
Ce que vous détestez par-dessus tout ?
L'envie.
Caractères historiques que vous méprisez le plus ?
Machiavel qui méprise l'homme; Louis XIV qui l'humilie; Napoléon qui l'utilise.
Le fait militaire que vous admirez le plus ?
La conquête du Mexique par Cortés.
Le réforme que vus admirez le plus ?
Celle qui reste à faire : mettre en route le progrès moral, "le seul progrès qui soit".
Le don de la nature que vous voudriez avoir ?
Une oreille sûre.
Comment aimeriez-vous mourir ?
Sans souffrances inutiles et avant d'être accablé, ou amoindri, par les misères du "troisième âge".
Etat présent de votre esprit ?
Calme comme la face des mers qui dissimule un monde surpeuplé et terrifiant.
Votre devise ?
De mon mieux.
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