Quel est, pour vous, le comble de la misère ?
L'ignorance, quand l'aggrave la bêtise; et la foi, quand toutes deux s'en mêlent.

Où aimeriez-vous vivre ?
Nulle part ailleurs (sauf en passant). La planète est partout lotie.

Votre idéal de bonheur terrestre ?
Une éternelle enfance, qui aurait la lucidité de l'âge mûr.

Pour quelles fautes avez-vous le plus d'indulgence ?
Pour toutes celles que l'amour transfigure.

Quels sont les héros de roman que vous préférez ?
Ceux qui ne renoncent pas.

Quel est votre personnage historique favori ?
Ceux qui ont si fortement vécu q'ils ont l'air de survivre
(à l'exception des tueurs, comme Napoléon).

Vos héroïnes favorites dans la vie réelle ?
Celles qui ont le génie d'être ce qu'elles sont.

Vos héroïnes dans la fiction ?
Les mêmes, sans trop insister.

Votre peintre favori ?
Rembrandt, Goya, Renoir, Van Gogh.

Votre musicien favori ?
Bach (J'ajoute que je ne connais rien à la musique).

Votre qualité préférée chez un homme ?
Le caractère, puis la lucidité.

Et chez la femme ?
Une féminité ni prude, ni imprudente.

Votre vertu préférée ?
Celles dont l'excès n 'est pas un vice et, comme il n'y en a pas, la joie,
qui les contient toutes et qui les rend aimables.

Votre occupation préférée ?
Vivre.

Qui auriez-vous aimé être ?
Pourquoi changer de peau ? Né trop tard pour être Christophe Colomb,
né trop tôt pour le ressusciter sur une autre planète, il faut bien me contenter de moi.

Le principal trait de votre caractère ?
L'opiniâtreté, que ma femme appelle entêtement.

Ce que j'apprécie le plus chez mes amis ?
Le fait de l'être, qui n'est pas si facile.

Votre principal défaut ?
L'injustice, dans l'emportement.

Votre rêve de bonheur ?
Celui qu'atteint ma main sur le front de mes gosses.

Quel serait votre plus grand malheur ?
J'y cours et c'est ma mort, si je vaux quelque chose.
J'y suis et c'est ma vie, si je ne vaux rien.

Ce que vous voudriez être ?
Vouloir n'a pas de sens au conditionnel. Pas plus qu'à l'impératif.

La couleur que vous préférez ?
L'arc en ciel.

La fleur que vous aimez ?
L'églantine plus que la rose, la fleur sauvage plus que la cultivée.

L'oiseau que vous préférez ?
Contre le paon, l'aigle et l'autruche, j'élirai la colombe (en lui souhaitant un peu d'argot).

Vos auteurs favoris en prose ?
Cervantès, Balzac, Stendhal, Dostoïevski.

Vos poètes préférés ?
Baudelaire. Et tant d'autres en morceaux choisis.

Vos héros dans la vie réelle ?
Une lignée qui aboutit à Einstein.

Vos héroïnes dans l'histoire ?
Celles qui ont vécu debout pour mériter leur gloire.

Vos noms favoris ?
Aucun. On n'habite pas un nom.

Ce que vous détestez par dessus tout ?
L'hypocrisie, la lâcheté, le respect humain, le sectarisme (qui font si bon ménage).

Caractères historiques que vous méprisez le plus ?
Judas, s'il a vraiment pu exister. Messaline, autant que Catherine de Médicis.
Et les maîtres immondes comme Néron, Henri III ou Hitler.

Le fait militaire que vous admirez le plus ?
La paix.

La réforme que vous admirez le plus ?
Cette tendant moderne à faire de l'égalité la source de l'élite.

Le don de la nature que vous voudriez avoir ?
L'éloquence, au service d'un jugement parfait.

Comment aimeriez-vous mourir ?
Accompli; et, si possible, intact.

Etat présent de votre esprit ?
L'embarras : personne ne se méfie assez de son personnage.

Votre devise ?
Sois (qui, dans mon idée, s'oppose à : soit !).