Quel serait pour vous le comble de la misère?
Tirer le diable par la queue.

Où aimeriez-vous vivre?
A Saint-Jean-de-Dieu.

Votre idéal de bonheur terrestre?
Avoir beaucoup de fils.

Pour quelles fautes avez-vous le plus d'indulgence?
Évidemment, les fautes de gout. Les fautes des Français... j'en trouverais surement beaucoup d'autres mais je n'ai pas le loisir d'y penser.

Quels sont les héros de roman que vous préférez?
Je voudrais répondre : "Les miens", mais ce serait trop facile. Il y a Mangeclous, ce héros de Albert Cohen, grand faiseur de Vents et de Contrepetteries, il y a Jean Valjean, ce "crâne sous lequel il y a une tempête"; il y a le Golem de Meyrink. Et Gargantua. Et Kafka. Et Kerouac.  Et le Nègre du Narcisse de Joseph Conrad.

Quel est votre personnage historique préféré?
Ghengis Khan, parce qu'après avoir rasé l'Asie, il s'est assis sur un tas de cendres froides, à proximité d'une pyramide de crânes humains et qu'il a demande à un sage chinois qu'il avait fait venir : "Connais-tu le secret de l'immortalité?". La réponse fut non.

Vos héroïnes favorites dans la vie réelle?
Parce que je suis misogyne, il n'y a que les danseuses qui m'intéressent.

Vos héroïnes dans la fiction?
Divine dans Notre-Dame-des-Fleurs de Jean Genet.

Votre peintre favori?
Salvador Dali, pour son journal, Hugo pour les ectoplasmes.

Votre musicien favori?
Je ne connais rien à la musique. Mon idole a longtemps été le joueur d'égoïne dans Les Plouffe. On a les scies qu'on peut.

Votre qualité préféré chez un homme?
La bêtise, dont l'originalité.

Et chez la femme?
Je suis misogyne.

Votre vertu préférée?
Dame! la petite.

Votre occupation préférée?
Grimper dans les arbres.

Qui auriez-vous aimé être?
A) Job - pour mourir en odeur de sainteté. B) Saint Paul - parce qu'il a dit un jour aux Grecs réunis sur la Place publique : "Pourquoi attendez-vous les éphémérides? Ignorez-vous donc que tous les évènements sont arrivés depuis Christ?" C) Diogène - il n'a jamais eu mal à la vessie. D) Le Kouaque. Je raconterai sa vie, un jour.

Le principal trait de votre caractère?
L'attrait que j'ai sur les autres, ce qui fait en quelque sorte de moi un trait d'union.

Ce que vous appréciez le plus chez vos amis?
Le fait qu'ils soient si peu nombreux et que je ne compte parmi eux ni coiffeur, ni policier, ni politicien.

Votre rêve de bonheur?
Vivre à Saint-Jean-de-Dieu.

Votre principal défaut?
La distraction. J'oublie tout. Mes livres, où j'ai parké ma voiture, mes tickets de théâtre, mes claques, ma pipe, mon  lunch, mes chemises, le sens des mots et le romans que j'aimerais écrire.

Quel serait votre plus grand malheur?
A) Mourir de consomption. B) Uriner comme les femmes.

Ce que vous voudriez être?
Un serpent pour le faire écraser du pied par une sainte vierge.

La couleur que vous préférez?
Je n'aime que la nuit, parce que l'obscurité c'est moins fatigant pour l'œil. Le mien est faible, et facilement pleureur. Au soleil, il voit des taches de lumière. Je pense qu'à cause de mon œil, j'entrerais facilement en extase. C'est pour cela que j'aime le noir. Dans le noir, votre œil ne noyant plus rien voit tout.

La fleur que vous aimez?
Le pissenlit. On m'appelait comme ça quand j'étais petit parce que je mouillais mon lit.

L'oiseau que vous préferez?
J'aime tous les oiseaux à cause de leurs ailes. Des ailes de vautour, c'est fascinant. Je n'oublie jamais que ça vole au dessus de nous.

Vos auteurs favoris en prose?
Hugo (pour le flux), Flaubert (pour sa correspondance), Maurice Blanchot (pour ses essais), Jack Kerouac (pour le symbole), James Joyce (pour le délire), Herman Melville (pour la mer), Le Clézio (pour le soleil), Raymond Abellio (pour la structure de l'absolu), Raymond Roussel (pour la recherche formelle), Jean Genet (pour la langue),  Thomas Wolfe (pour la démesure), Gustav Meyrink (pour l'occulte), Luis Jorge Borgès (pour les labyrinthes).
J'aime les écrivains qui ont du ventre. Ceux qui n'écrivent pas au compte-goutte. Les Rabelais et les Balzac de la prodigalité. Au Québec : Jacques Ferron (pour les portunas, la charrette et la vache mort), Jean Basile (pour Morial), Gérard Bessette (pour la bagarre), Louis Fréchette (pour les détraqués et les originaux), Robert-Lionel Seguin (pour l'histoire d'ici), Hubert Aquin (pour la schizophrénie), Pierre Vadeboncoeur (pour la lucidité).

Vos poètes favoris?
Hugo, parce qu'il a dit : "Tout l'homme est le même homme qui fait la même chose"; Milton, à cause des anges, Dante, pour son génie, Rimbaud qui portait une ceinture d'or, Gaston Miron, homme-symbole de l'aliénation délirante.

Vos héros dans la vie réelle?
Les fous.

Vos héros dans l'histoire?
Sappho, à cause de Lesbos.

Mes noms favoris?
A) Noms propres : Saint-Jean-de-Dieu, Boisbouscache, Gros Morne, Sainte-Rose-du-Dégelis, Samarcande, Bonhomme Sept-Heures. B) Noms communs : crapotte, Grande Opération, Camisole de Force, berlot, nuitte.

Ce que vous détestez par dessus tout?
La petitesse. Les petits tests.

Les caractères historiques que vous méprisez le plus?
L'histoire n'a pas de sens. L'histoire n'est pas. Il n'y a que des historiettes comme l'a bien vu Jacques Ferron.

Le fait militaire que vous admirez le plus?
Je n'en admire aucun.

Comment aimeriez-vous mourir?
Verticalement, la tête en bas, les pieds en haut. En tirant la langue et en jouissant. Comme un martyr.

L'état présent de votre esprit?
L'absence.

Ma devise?
Devise pour régner.