Quel est pour vous le comble de la misère ?
La honte, l'attente de la mort. En fait, la misère n'a pas de comble. Un acte de naissance, c'est déjà un faire-part de décès. Alors, bien sûr, on peut mourir de faim, de soif, d'amour, d'ennui, de blessures ou de maladie, dans l'esclavage ou dans l'oubli. Là-dessus on vit comme on peut, on vide son sac, son sablier, comme ce Sisyphe. C'est peut-être cela le comble, ne pas imaginer Sisyphe heureux, en être incapable.
Je ne sais pas.
Où aimeriez-vous vivre ?
Ailleurs. Sans aucun doute. Dans l'œil du cyclone. Ou bien sur un balcon, une véranda aux tropiques, et regarder la pluie qui tombe le soir,
les gens qui sortent, heureux. C'est forcément ailleurs.
Votre idéal de bonheur terrestre ?
Cette pluie de mousson, la libération, la réalisation de ce qu'on peut ressentir à 12 ans, ou au printemps, quelque chose plus vif que la vie. Mais ce n'est pas terrestre. Bonheur terrestre ?
Pour quelles fautes avez-vous le plus d'indulgence ?
Toutes. Je suis mauvais juge, et je ne condamne pas. Pas les fautes. C'est l'injustice que je condamne, et l'illusion de la morale.
Votre musicien favori ?
Pas vraiment de nom. Mozart, bien sûr, mais pourquoi pas Pergolèse, Keith Jarrett, Les Stones, etc. Tous les tubes. Les bruits, le cœur et le vent. J'aime bien le souffle du vent.
Votre peintre favori ?
Pas vraiment de nom. Bonnard, Hooper, Van Eyck, Vermeer, les estampes japonaises, beaucoup de choses. Surtout le ciel, et les affiches.
Les graffiti, sur des murs qui seront détruits.
Votre qualité préférée chez un homme ?
La féminité.
Et chez la femme ?
Le flair. Le mouvement.
Votre vertu préférée ?
La beauté.
Le principal trait de votre caractère ?
Allez savoir s'il y a des traits. Ce sont plutôt des ratures incessantes, nerveuses. L'inquiétude, l'irréalité, l'imprévoyance.
Hasardeux et nécessiteux.
Qui auriez-vous aimé être ?
Dieu, bien sûr, ou bien un chat.
Ce que j'apprécie le plus chez mes amis ?
La présence.
Votre principal défaut ?
L'absence, l'instabilité. Vague à l'âme vagabond.
Votre rêve de bonheur ?
On dirait un parfum. Gagner au loto aussi bien que trouver la sérénité.
Quel serait votre plus grand malheur ?
Être né c'est déjà pas de la tarte. Mourir c'est pas la joie. Un bouton sur le nez juste le soir où j'ai un rancard avec les Coco-Girls,
c'est insupportable.
Ce que vous voudriez être ?
Un nuage.
La couleur que vous préférez ?
Changeante. Toutes.
La fleur que vous aimez ?
Toutes sauf les fausses, spécialement les fleurs avant qu'elles ne fanent, quand elles sont très fragiles.
L'oiseau que vous préférez ?
Le perroquet, l'albatros, le canard sauvage, l'oiseau en vol, surtout en mouvement, l'alouette qu'on discerne à peine.
Vos auteurs favoris en prose ?
Beckett, Céline, Joyce, Kerouac, Dostoïevski, il y a beaucoup de noms très forts,
mais je lis peu.
Vos poètes préférés ?
Saint-John Perse. Sublime forcément sublime. C'est le souffle, la pluie, le vent, l'univers et le verbe.
Quels sont les héros de roman que vous préférez ?
Les justes, justement, les victimes, quand elles sont savoureuses. Mais dans un bon roman, on aime tout le monde, les méchants et les gentils, ils ont une trajectoire, un destin. Des noms ? L'Idiot, et Rogojine, le sourd-muet du "Cœur est un chasseur solitaire", Hamlet, mais c'est pas un roman, Bardamiu Molloy, etc. Ca n'a rien à voir avec de l'héroïsme.
Quel est votre personnage historique favori ?
Aucun. Définitivement. J'aime bien les inconnus qui sont restés inconnus.
Vos héroïnes dans la fiction ?
Les saintes, les fées, les sorcières.
Vos héroïnes dans la vie réelle ?
Les Coco-Girls, peut-être.
Mes héros dans la vie réelle ?
Héros réel, c'est pas humain. Question piège. J'aime les chats, les tigres et les tapirs musclés.
Mes héroïnes dans l'histoire ?
Question piège. L'histoire est masculine, elle se fout bien des femmes. Il y a les stars, fragiles, victimes, et les passantes,
qui balisent le jour, les putes, les gardiennes de la nuit.
Mes héros dans l'histoire ?
La préhistoire...Les mammouths.
Vos noms favoris ?
Des éléphantasmes... des non qui disent oui...des noms qui claquent, qui sonnent,
des associations de phonèmes qui tombent juste, comme la musique.
Ce que vous détestez par dessus tout ?
La mort, toujours et encire, donc la vie, c'est une histoire d'amour sans doute. Je n'aime pas trop ce qui est prévu, figé, la graisse figée dans ses prétentions académiques, les gros malins qui savent rien, les cons qui n'aiment pas les cons, la science infuse, la brutalité masculine.
Caractères historiques que vous méprisez le plus ?
Bigre. Mépriser. Mettons les conquérants, les gagneurs, les nazis, les missionnaires, les importateurs de vérité préfabriquée. Les racistes.
Le fait militaire que vous admirez le plus ?
Inconnu au bataillon, comme moi. Ou bien la guerre des boutons.
La réforme que vous estimez le plus ?
En j'ai été réformé du service militaire. En 1981 la peine de mort a été abolie. Réforme, ce n'est pas un mot qui déchaine mes passions.
Le don de la nature que vous voudriez avoir ?
La nature ne donne rien qu'elle ne reprenne tôt ou tard. Elle a soi-disant horreur du vide mais elle n'arrête pas de vous vider d'un établissement à l'autre. Qu'elle m'accorde une deuxième vie, puis une troisième. Métempsychose. Que Dame Nature me change en dragon chinois, en chat siamois, en tigre du Bengale, en panda. Fiat Lux, et fiat panda.
Comment aimeriez-vous mourir ?
De rire ou pour de rire... en m'étouffant avec une arête ? de plaisir sous un cheptel de nymphomanes ? au bord d'un fleuve, à l'ombre d'un enfant ? dignement ? ou bien en gueulant comme un putois ? en m'éclipsant dans une soirée, disparaissant au coin d'une rue...
Mourir souvent, arrêt sur image, flash-back.
État présent de votre esprit ?
État d'âme, état-sœur. Esprit en action pas en état. Esprit es-tu las ?
Votre devise ?
Étrangère. Dollar, yen, quel est le cours du dow-jones ? Je ne sais pas, moi. Demain est une autre nuit.
Il faut garder la forme en touchant le fond. Devisons.
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