Quel est, pour vous, le comble de la misère ?
Ne plus entendre ma petite musique intérieure,
ne plus pouvoir la reproduire en écrivant.
Où aimeriez-vous vivre ?
N'importe où. Paris me va. J'y vis comme à la campagne sans obligation,
sauf le peu nécessaire pour gagner ma vie.
Votre idéal de bonheur terrestre ?
"On trouve rarement le bonheur en soi, jamais ailleurs". Signé : Chamfort.
Pour quelles fautes avez-vous le plus d'indulgence ?
Celles commises de bonne foi.
Quels sont les héros de roman que vous préférez ?
Ceux que je crée.
Quel est votre personnage historique favori ?
J'ai un faible pour les hommes de génie.
Vos héroïnes favorites dans la vie réelle ?
J'ai un faible pour les jolies femmes.
Vos héroïnes dans la fiction ?
Celles que je crée.
Votre peintre favori ?
Comment choisir Rembrandt, Titien, Manet, Goya et cent autres.
Votre musicien favori ?
Comment choisir entre Beethoven, Mozart, Verdi, Wagner, etc. ?
Votre qualité préférée chez un homme ?
La loyauté.
Et chez la femme ?
La féminité.
Votre vertu préférée ?
Celle qui se cache.
Votre occupation préférée ?
Ecrire les dernières pages de la journée, quand l'imagination est bien échauffée,
que les idées naissent les unes des autres, fourmillent, foisonnent, que la plume danse
sur le papier, que le monde réel a été complètement remplacé par celui qu'on vient de créer.
Il y a là une heure qui vaut tout. C'est plus enivrant que la force d'âme, la victoire amoureuse
et même les dîners en ville.
Qui auriez-vous aimé être ?
Je ne comprends pas cette question. Je ne puis et ne veux être que moi,
je ne veux pas changer d'âme..
Le principal trait de votre caractère ?
Le désir d'être aussi naturel qu'un chien ou un chat, l'horreur de la pose,
l'horreur des phrases, l'ambition à être moi aussi intégralement que possible,
même si cela ne plaît à personne.
Ce que j'apprécie le plus chez mes amis ?
Qu'ils m'aiment en me connaissant.
Votre principal défaut ?
Je n'aime pas m'ennuyer. A cause de cela et de toutes les corvées dont je me suis dispensé,
j'ai manqué une belle carrière. J'ai beaucoup d'autres défauts, bien sûr,
mais celui-là m'a été le plus préjudiciable de tous.
Votre rêve de bonheur ?
Avoir la fécondité et l'inspiration de Dickens ou de Mozart.
Quel serait votre plus grand malheur ?
On trouve souvent le malheur hors de soi, jamais ailleurs. Signé : Dutourd.
Ce que vous voudriez être ?
Moi. J'y arrive, du reste.
La couleur que vous préférez ?
La beauté d'une couleur dépend de celle qui est à côté..
La fleur que vous aimez ?
La fleur de lis. Je suis légitimiste.
L'oiseau que vous préférez ?
Claudel, à cette question, répondait : "le perdreau froid".
Pour une fois, je ne serais pas d'accord avec ce grand poète.
Je préfère le perdreau rôti, accompagné d'une bouteille de Saint-Emilion.
Vos auteurs favoris en prose ?
Les meilleurs : Balzac, Saint-Simon, Voltaire....
Vos poètes préférés ?
Dito : Hugo, Baudelaire, Verlaine, Apollinaire...
Vos héros dans la vie réelle ?
Les gens qui font leur oeuvre au milieu de l'incompréhension et de l'hostilité générale.
La France, pays très abruti et très ramolli, m'a bien étonné en 1958 :
elle a choisi un héros pour la gouverner.
Vos héroïnes dans l'histoire ?
J'ai peut-être un faible pour les grandes folles de la Fronde, Mmes de Chevreuse et de Longueville. J'aime beaucoup aussi la princesse des Ursins, surtout quand la reine d'Espagne l'a fichue à la porte et qu'à soixante-dix ans, en robe de bal, elle franchit les Pyrénées.
Vos noms favoris ?
Ceux que je trouve pour mes personnages.
Ce que vous détestez par dessus tout ?
Les gens qui mentent en écrivant.
Caractères historiques que vous méprisez le plus ?
Les hommes qui provoquent des catastrophes avec de bons sentiments.
Je préfère encore les tyrans cyniques.
Le fait militaire que vous admirez le plus ?
Léonidas aux Thermopyles, et tout ce qui y ressemble, c'est-à-dire des hommes libres
se faisant tuer pour leur liberté.
La réforme que vous admirez le plus ?
Les assurances sociales, qui me paraissent le seul progrès réel depuis l'Ancien Régime,
en tout cas la seule chose capable de nous consoler des avions,
des bombes et de la surpopulation.
Le don de la nature que vous voudriez avoir ?
J'aimerais savoir jouer de la clarinette.
Comment aimeriez-vous mourir ?
Bien. C'est-à-dire comme un gentilhomme du XVIIe siècle.
État présent de votre esprit ?
Il fonctionne de façon satisfaisante entre trois heures de l'après-midi et sept heures du soir.
Votre devise ?
Je suis bien trop compliqué pour en avoir une.
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